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” Sous l’impulsion d’une masse critique de leaders éthiques et de l’attente des citoyen,

les institutions publiques et privées clés de gouvernance sont à l’horizon 2030 positivement transformées

au service de l’intérêt général “.

Le recrutement des hauts emplois de l’Etat à Madagascar

L’Etat est au cœur de nos récriminations. Mais quel est cet Etat ? Une construction abstraite dont le paradoxe est d’être à la fois absent et omniprésent, pesant et évanescent, réclamé et  rejeté. Si on ne pensait pas secrètement que l’Etat est un peu notre chose, une part de nous même, le délitement social serait infiniment plus grave qu’il ne l’est.

Pour tout dire, l’Etat existe d’abord dans nos têtes. Personne ne souhaite faire du passé table rase, mais peu de gens imaginent un avenir possible avec un Etat tel que nous le connaissons. Alors, pourquoi pas recruter de vrais responsables et les payer enfin correctement pour faire un boulot enfin correct. Recrutement sélectif, termes de référence exigeants, contrats renouvelables après évaluation indépendante etc.

L’objet de cet article est de proposer une réforme visant à rendre la fonction publique professionnelle, à travers la fourniture de conseils de qualité et la prestation de services au gouvernement et au public. 

L’administration sera compétente et professionnelle quand elle répondra aux attentes des usagers pour un service rapide et équitable.

La fonction publique doit avoir la capacité d’anticiper les changements et de comprendre les menaces (par exemple insécurité et changement climatique) et les opportunités (par exemple l’investissement international). Une fonction publique dynamique a besoin, pour répondre à ces nouveaux enjeux, de comprendre la complexité et gérer efficacement les risques. Le leadership est essentiel pour amener les éléments disparates de la fonction publique dans un réseau commun. Cela exigera un effort soutenu pour modifier les références de la culture. Si auparavant ces références portaient sur les intentions, elles devront désormais se mesurer aux résultats.

Les défis de la fonction publique malgache sont écrasants dans son état ​​actuel. Cette réforme est entravée par l’histoire de Madagascar. Madagascar a hérité d’un service public fortement alourdi par des lois et des processus obsolètes. Une culture commence à émerger qui valorise les résultats. Une action urgente doit être entreprise, car la majorité des hauts fonctionnaires prendront leur retraite dans la prochaine décennie. La bonne nouvelle est que cela fournit une occasion sans précédent de faire des réformes majeures.

Nous sommes convaincus que le maintien du système existant ne créera pas la dynamique proactive de la fonction publique nécessaire pour un développement rapide. Nous préconisons la mise en place d’une Commission indépendante qui mènera les réformes visant à obtenir des résultats. Ce qui suit donne un aperçu du rôle et des fonctions d’une Commission de Service Public (CSP).

  1. La nomination aux hauts emplois de l’Etat devrait se faire d’une manière compétitive. Les candidats sélectionnés feraient l’objet d’enquêtes (IGE, BIANCO, INTERPOL) visant à s’assurer de leur intégrité. Le Président de la République choisirait parmi trois noms proposés par la Commission indépendante.
  2. Il existe également une pratique commune aux pays du commonwealth : le « vetting » ou la vérification des antécédents des candidats à de hauts emplois. Une commission lance un appel à témoignage ou informations compromettant sur les candidats. Ces derniers passent ensuite un entretien retransmis en direct à la télévision. Tel a été le cas pour le Kenya notamment dans l’amélioration de la confiance de la population dans le système judiciaire.
  3. Les hauts emplois de l’Etat devraient être protégés par un mandat renouvelable après évaluation des résultats.
  4. L’enjeu est la recherche d’une forte crédibilité pour amener la confiance du public, du secteur privé et des partenaires internationaux.

Auteur: Brice Lejamble, Membre du MEDEM